Les Bouts de Bois de Dieu- Ousmane SEMBENE

Chers Bibliovores,

Les Bouts de Bois De Dieu
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Il ne m’est pas toujours donnée sur cette plate-forme de parler d’un roman qui m’a inspiré de manière profonde, mais quand c’est le cas, c’est avec grand plaisir que je me penche sur mon clavier.

« Banty Mam Yall » en français, « Les Bouts de Bois de Dieu » est une oeuvre phare d’un auteur tout aussi marquant Ousmane SEMBENE. Une fois n’est pas coutume, le roman s’inspire de faits réels marquants. Le parcours des protagonistes, inspire courage et respect. Ce livre, dans mon adolescence m’a marqué, car il représentait l’Africaine que j’aspirais à devenir: combative, consciente de vivre sur un continent béni et prête au sacrifice pour lui si nécessaire, un pas après l’autre, vers l’avènement ultime. Il est aussi de ceux qui très tôt m’ont suggéré des clefs pour une vie à mon sens réussie: la foi (quelque soit la confession religieuse), l’abnégation, le sens du travail bien fait et la générosité. Mais ce n’est pas tout..

L’auteur parle ainsi de son chef d’oeuvre: « Les hommes et les femmes qui, du 10 Octobre 1947 au 19 Mars 1948, engagèrent cette lutte pour une vie meilleure ne doivent rien à personne, ni à aucune «mission civilisatrice», ni à un notable, ni à un parlementaire. Leur exemple ne fut pas vain: depuis l’Afrique progresse».

Publié en 1960, soit treize ans après les faits, « Les Bouts de Bois de Dieu » est en effet, le récit d’une révolte. C’est le récit de la grève initiée par les cheminots de l’Afrique Orientale Française afin de revendiquer des meilleures conditions de travail. Ce mouvement sans précédent était bien la preuve qu’on ne pourrait plus traiter les colonies comme par le passé.

La Seconde Guerre Mondiale et son lot de tirailleurs avait en effet installé silencieusement en Afrique, un vent nouveau. L’homme blanc au côté duquel nos frères avaient combattus, parfois en faisant preuve d’une plus grande bravoure n’avait plus figure de Dieu. C’était un être humain comme les autres et les êtres humains colonisés en face, exigeaient désormais un plus grand respect.

L’oeuvre d’Ousmane Sembène se veut donc un bel hommage aux luttes qui traversèrent le continent à la veille des indépendances, un récit pour la postérité de cette insurrection dans la belle Dakar (aujourd’hui capitale de la République du Sénégal). C’est aussi une réflexion sur la vie en Afrique sub-saharienne sous la colonisation.  Le cinéaste qu’était aussi Mr. Sembène s’exerce dans l’écriture de ce beau livre. Vous donner plus de détails sur son déroulé, serait en effet trahir son esprit. Il ne se lit pas mais se vit. Il est écrit comme un scénario de film. Au fil des pages, on visualise les pagnes, les couleurs, les hommes, les femmes, le sang. On ressent les émotions au plus profond de soi.

L’épopée des cheminots de la ligne Dakar-Niger est digne d’un récit sur Soundiata Keita, l’homme buffle, fondateur de l’empire du Mali. Elle redonne espoir en la capacité de l’Afrique à s’élever. Au terme de la lecture, un message fort demeure: il y a toujours quelque chose à faire. Les personnages se rencontrent, s’entremêlent. Tout est semblable à une pièce de théâtre parfaitement orchestrée. Le mécanisme est parfait. Un bel hommage aux combattants pour une vie meilleure.

Pour ceux qui découvrent ici cette oeuvre, je vous la recommande instamment. Pour ceux qui la connaissent, je serai très heureuse de lire vos impressions. En lien avec le thème du mois, voici encore ici un rappel de l’action mitigée de l’état colonial. De même, j’ai été heureuse de mentionner ici l’écrivain, cinématographe et poète Ousmane SEMBENE, plus connu pour son oeuvre « Le Mandat » (je vous en parlerai sous peu).

XoXo

Anna KEDI SIADE ♦

 

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